Monténégro, suite et fin

Publié le par uneautrecesureestpossible.over-blog.com

 

25 septembre : Toujours dans notre  bel appartement de Kotor, réveil avec le bruit de la pluie, qui s’avère en fait être une espèce de tempête qui va durer toute la journée. Un déluge ininterrompu, et nos pauvres vêtements lavés la vieille qui étaient censés sécher sur le balcon miskin, c’est raté. On ne voit même plus le sommet de la montagne à notre fenêtre tellement c’est gris de trombes d’eau et de brume. Bref, on passe la journée à geeker, à écouter des vieux sons, à regarder des films. Un week-end d’automne normal en somme :) On sort dans la soirée se balader sur le port, plein d’énormes bateaux qui ont l’air trop bien, on se contente de taper des poses devant. On se fait un ami canin éphémère en allant au supermarché high-tech.

 

 

26 septembre : Départ en fin de matinée après que notre loueur d’appart soit passé prendre les clés (et le blé), et nous ait montré des vidéos de pseudo-humour monténégrin ultra bizarre (link : http://www.youtube.com/watch?v=ZN5PoW7_kdA). On prend le bus en direction de Podgorica, la capitale du Monténégro, qu’on préfèrera appeler par son ancien nom : Titograd. Arrivés à la station de bus, on tente un mini-bus collectif. La communication avec le chauffeur, néanmoins fort sympathique, s’avère bien difficile, tant et si bien qu’on a beau eu lui demander « city center », « center grad » dans plein de versions différentes, il nous a aimablement débarqués au centre commercial Delta une dizaine de minutes plus tard. Hum.. Donc taxi normal pour le « center Podgorica ». Ambiance assez surréaliste : pluie fine, rues moches, gens ultra bizarres nous regardant ultra bizarrement. Des magasins de vêtements et de cosmétiques fermés, des night clubs glauques, et pas un hôtel. Ah si un hôtel, 20 minutes plus tard. On se cale dans le hall pour se connecter frauduleusement à la wifi, sans demander le prix de la chambre tellement il devait y avoir trop de chiffres pour nous. En gros, il y a 5 hôtels sur Titograd, dont 2 sont déjà hors budget pour nous. On débarque donc « chez Steve » qui loue des chambres de sa maison près du stade. Mais Steve n’est pas là, il y a des numéros de téléphone sur la porte, on appelle, ça ne répond pas. On se pose sur les canapés devant la porte, dans une sorte de cour. Cf photo « Yohan se demandant ce qu’il fout là ». On finit par interpeller des autochtones qui nous disent que c’est normal que Steve ne soit pas chez lui puisqu’il est en Inde. Haha. Ils appellent Luka (l’autre mec qui habit là), il vient bientôt. On l’attend, et en fin d’après-midi on s’installe, pose nos sacs et part à la découverte de Podgo. Qu’on se le dise, on aura rarement vu une ville aussi moche. Nos deux premiers kiffs réunis en une photo : le vendeur de pop corn et l’arc en ciel. Il y a quand même un joli parc au centre ville, une petite rivière au bord de laquelle on se pose pour engloutir le pop. A la nuit tombée, les ponts (qui dit rivière dit ponts) s’illuminent, la ville devient un peu plus mignonne, et la rue principale devient piétonne. Certains prix sont follement bas : méga parts de pizz à 1€, paquet de clope à partir de 0.60€ (1€ les West ; 1,30 les Lucky, 1,70 les Marlbo) ; alors que les hôtels ou les vêtements sont aussi chers, voir plus, qu’en France.

 

 

27 septembre : sur les conseils de Luka, on prend le train de Podgo jusqu’à Vraninja. A coté de nous, un petit couple ultra fashion, qui écoute « Alors on danse » en hochant la tête. Lol. Vraninja, c’est perdu dans la campagne. Au bord du lac Skadar, un lac immense de 40 km de long, à cheval sur la frontière avec l’Albanie (60% du lac est côté Monténégro, 40% coté Albanie). Il est plein de nénuphars, de plantes inconnues, de petites barques amarrées aux bords. Il parait qu’il héberge les derniers pélicans d’Europe , mais on n’en a pas vu. On suit les rails jusqu’au Lesandro, une ruine de fortification qui s’avance un peu sur le lac. On prend un pti goûter avant de repartir. On s’apprête à suivre les rails à nouveau mais on se rend compte qu’ils passent dans un tunnel et qu’il ne serait pas ultra judicieux de passer dedans à pied. Yohan réalise alors mon rêve de faire du stop à l’étranger. La première voiture qui passe s’arrête, nous prend. Et nous emmène jusqu’à Bar. Un monsieur très sympa, juriste, qui parle plein de langues, dans une belle voiture, avec des enfants qui font des bêtes d’études à l’étranger. L’occasion de pratiquer un peu mon allemand, et je me rends compte que j’arrive même pas à dire « un château », la louze. Il habite à Ulcinje, donc nous dépose près de la vieille ville de Bar (à 4 km du nouveau centre ville) et nous explique comment y aller à pied (1 km env). Malgré ses conseils avisés, on n’a jamais trouvé la vieille ville. Mais une balade très sympa dans la campagne, sur le flanc des collines, à travers des mini villages peuplés de « chien dormant sur un toit », de voitures d’une autres époque, d’oliviers à perte de vue. On trouve dans un cimetière musulman la sépulture d’un couple, dont la pierre tombale est ornée d’une étoile Marteau-Faucille. On aiiime. On arrive finalement dans le nouveau centre ville de Bar, où on fait 2-3 courses, un petit goûter, un petit tour. On termine sur le port, sur la jetée dans la mer adriatique au bord de la laquelle jouent des chats, pêchent des hommes, se promènent des couples. Le coucher de soleil, alala .. Cf photos. La nuit tombe tôt, et il fait bien noir quand on prend le train pour rentrer à Podgo.

 

 

28 et 29 septembre : On socialise avec deux amis à notre hôte qui squattent les canap devant la maison, des étudiants cools avec qui on a une bonne conversation, qui commence par les banalités, qui se poursuit avec les émeutes de 2005 à Paname, qui se termine sur la situation politique au Monténégro. Désespérante selon eux, d’une part à cause de la corruption et des élections fakées (on paie tes dettes si tu votes pour nous), d’autre part à cause de la léthargie des gens qui ont peur qu’un changement n’amène que du pire. Et la discussion qui se termine, comme souvent, sur un : je comprends pas pourquoi les gens ne peuvent pas simplement vivre ensemble. Si c’était si simple … On notera la culture générale de l’un d’eux qui connaissait Strasbourg et la particularité de l’Alsace – Lorraine pour la France. L’autre, qui voulait être pilote, était plus calé en aviation et en Mirage. En début d’après-midi, on prend un bus pour Niksic, mais le chauffeur nous dépose à un croisement avant qu’on arrive dans la ville, puisque notre destination à nous, c’est le monastère d’Ostrog. Posés là, il nous reste 8 km de montée à faire. En taxi pour 10 €, c’est mort. On commence à monter un peu à pieds, la route serpentine sur le flanc de la montagne. On cherche la vache dont on entend la cloche, perdue dans un petit pré. (« Vache broutant. ») On tente le stop, puisque d’après les forums qu’on a parcourus, ça marche bien. Effectivement, ça finit par marcher. Un couple de Cetinje nous emmène, et heureusement car ça finit par monter sec. La route serpentine light jusqu’au « monastère d’en bas », puis serpentine hard jusqu’à celui du haut (Ostrog). Ils sont mignons, monsieur super classe avec son pull cashemire fushia, mademoiselle mannequin slave belle au naturel. Et gentils. Un seul mot pour caractériser le monastère : improbable. Improbablement accroché par on se sait quel miracle dans un creux de la falaise, tout en haut dans la montagne. Impressionnant. Il n’y a pas grand monde, surtout des Monténégrins venus se recueillir un instant avant de repartir. La vue sur la vallée est magnifique et l’endroit dégage la sérénité de la montagne doublée de la quiétude de l’édifice religieux. Les prêtres en soutane ont une barbe et les cheveux longs, c’est anodin mais plantés dans ce décor, c’est inoubliable. On redescend en stop jusqu’aux 2-3 boutiques chercher des victuailles, puisqu’en haut, il n’y a rien (pour boire manger). Sur le chemin, on visite une petite église orthodoxe, et on fait une magnifique photo dans notre tête, qu’on intitulerait « Prête méditant au crépuscule face à la montagne ». La remontée par les escaliers en pierre qui tracent sans scrupule est carrément hardcore, et malgré le coaching de Yohan je suis au bord du décès (mais c’est pas l’heure de mourir, c’est pas non plus la manière). Une pensée pour mon papa qui aurait adoré ce genre de « balade ». Une gentille dame nous prend en stop pour le dernier virage (honnêtement, j’aurai pu le faire). On se pose dans un des 3 grands dortoirs d’une quarantaine de lits (des superposés de 3 étages), et à 19h 30, je dors. Pas longtemps car un bus de pèlerins arrive une demi-heure plus tard, et cimer le bruit, damned. On était 5 dans notre dortoir, peut-être une quinzaine à dormir au monastère en tout, on voit les effectifs décupler et notre dortoir se faire coloniser. Aussi sec que ça a commencé, ça s’arrête et tout le monde dort à 22h. Et aussi sec que ça s’est arrêté, ça recommence, à 5h. Lumière allumée, ça parle fort, ils s’habillent pour aller à la messe surement. Pas nous. Réveil tranquilou 5 heures plus tard. Un petit café dans la cuisine commune, et on y va. On descend à pied jusqu’à la petite église d’en bas, où on stoppe. On monte avec un homme barbu et ses 2 fils. On dit que les Italiens parlent fort, mais amis, ce n’est rien à coté d’un Monténégrin au téléphone, qu’on se le dise ! Il nous descend de la montagne et nous emmène presque jusqu’à Podgo, à une intersection où on peut attraper un bus pour Cetinje. Cetinje, capitale historique du Monténégro, est une jolie petite ville. On apprécie assez qu’il n’y ait pas grand monde dans les villes qu’on visite (à part Dubrovnik), c’est tranquille, c’est local, on est bien. On se balade dans le monastère ; encore un, mais rien à voir avec Ostrog, là c’est plus à un grand parc avec des églises dedans. On se fait un ami chien (Rouky), qui est trop chou (bien que laid et sans poil d’un coté du ventre, il a du passer sous une voiture). Je veux l’adopter, Yohan refuse. Un peu plus haut, près du séminaire, des garçons lisent des textes religieux. On retrouve Rouky, qui nous suit bêtement quand on repart dans la ville prendre le bus retour, cet idiot (adieux déchirants).

 

 

30 septembre : Départ matinal pour prendre le bus pour revenir à Sarajevo, boucler la boucle, ciao le Monténégro, tu étais bien beau. On se quitte sur ces beaux paysages de mer-montagne qu’on a tant kiffé… Et quelques heures plus tard on retrouve Sarajevo, comme on l’a laissée. Avec ses fashionista sorties tout droit du dernier Vogue, ses femmes voilées, ses gens aux looks qu’on pensait introuvables en 2010, ses minarets, sa campagne électorale. Dans le parc, toujours les joueurs d’échecs géant en plein air, toujours un attroupement autour. On s’attarde sur la partie qui se termine, la trentaine de spectateurs (tous des hommes) retient son souffle, crie ses conseils avisés ou marmonne des « mach’allah » aux beaux coups. L’homme qui joue les blancs n’a plus de dents mais un grand sourire, celui qui joue les noirs a un costume bleu et une cravate verte. Les blancs gagnent, et Walker, lui aussi sorti d’on ne sait quel trou spatio-temporel, se lève de son caillou pour jouer la prochaine partie. Cf photo. De retour à l’hostel, mini-crise de geek car la wifi ne fonctionne pas, mais on s’endort pour la dernière fois dans la Jérusalem de l’Europe, aux mélodies de l’appel à la prière.

 

1er octobre : Voilà, les vacances à 2 c’est terminé. Yohan est reparti ce matin pour Paris. Là ça fait 3 heures que je geek en attendant l’heure de partir moi aussi, mais pour Belgrade. Il me reste 40KM en poche, 35 pour le bus et 5 pour le tram. Si c’est pas de l’organisation … Arrivée prévue vers 23h en Serbie. Pour de nouvelles aventures…

 

Publié dans Europe

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S
<br /> Oriane , je viens de lire ( enfin!!)ta chronique; et je la trouve excellente du point de vue de la !précision, court mais très efficace! des talents de chroniqueuse!!!!<br /> j'aime beaucoup!! moi qui suis noyée ( et le mot n'est pas rop fort ) dans mes probabilités, mes corrections, mes prep de cours, la grisaille de nancy ( oui Oriane! ELLE a commencé à tisser a toile<br /> hivernale , tout en jusqu'en fin février , et je dois hiberner jusque là)!<br /> les photos sont tout simplement superbes.<br /> demain c'est la fête des associations à la pepet patrice et moi tenons le stand une grande partie de la journée, et c'est surtout la grande manif du 12 oct je veux qu'il y'ait le plus de monde<br /> possible (à la manif) , qu'on puisse être comptabilisé!!!<br /> <br /> j'ai hâte de te lire à nouveau , beaucoup de courier m'attend et demain réveil à 6h du mat pour cours à 8h , puis 12h direction la pep ....<br /> apprécie ta liberté , cette abscence de contraintes professionnelles, ce plaisir joussif d'aller à contre courant ds autres ....<br /> bisous ma roro<br /> sahjanane<br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Merci Sahj c'est adorable. Raconte moi par mail la fete des asso à la Pep, et le reste, des nouvelles coté santé ? Prends bien soin de toi, que je te retrouve en pleine forme ! Des bisous à toute<br /> la maisonnée ;)<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Salut Oriane,<br /> <br /> Je ris beaucoup en te lisant, ton style est vraiment fantastique (si, si, en toute objectivité !), on s'y croirait en "direct live". Et cet humour dont tu sais faire preuve en toute circonstance,<br /> j'adore ! Celui de l'orange monténégrine me semble nettement plus hermétique - comment elle a fait pour avoir 33 millions de vues ???<br /> <br /> Et merci à Yohan de t'avoir empêchée de kidnapper Rouky ;-)<br /> <br /> Bise,<br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Ah Maman, tu sais ce qu'on dit, les chats ne font pas des chiens ! ;)
V
<br /> Hello Miss,<br /> c'est passionant de suivre ton voyage sur le blog (photos et textes). Sinon, pour le château, c'est "SCHLOSS". Quelle patate...pffff<br /> Bonne route à toi et à plus, your german friend<br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> OOhh mais oui Schloss, comment ça a pu m'échapper ?! Kuss de ta flex ex franzosische nachbarin :)<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> Il déchire ton blog !<br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Cimer camaradeuuh :)<br /> <br /> <br /> <br />