Kiev et Lviv
Kiev
Le dortoir de 10 se réveille sur les coups de 8 heures, moi en mode un peu la flemme, je traine et je geek sur mon Iphone, ça faisait longtemps. Deux Américains arrivent, et je sais déjà plus comment, on commence à discuter. Matthew fait sa crise de la quarantaine, il se réveille un beau matin, fait son backpack et part barouder. Dylan, 28, était venu de son Arizona natal rejoindre sa belle à Berlin, mais quelques semaines plus tard, ils cassent et se dit que tant qu’à être loin de chez lui, autant rouler sa bosse et le voilà sur la route depuis 1 an et 10 mois. Rencontrés à Varsovie, ils sont devenus buddies et font un bout de route ensemble. On se perd dans les quartiers pouraves de Kiev, se trouve un super resto « oriental », en mode Chorba, alala… On (re-)trouve finalement le centre ville, et là.. Mais cette ville quoi… En mode Prince & Princesse dans de magnifiques châteaux (bon ok ce sont des églises, mais tellement magnifiques), peu nous importent la pluie, le vent, les 2 degrés et nos mains gelées. On tape des poses avec Lénine et des chapka CCCP, on monte dans la tour de la Cathé Sainte Sophie, magique, allume des cierges dans les plus belles églises jamais vues, je me crois dans un conte tellement c’est beau. Se perd dans des petites rues improbables, visite des galeries d’art contemporain, critique les fringues des Ukrainiens -ouais c’est facile, mais tellement marrant qu’on ne saurait s’en priver-, escalade des collines, est à ça de lâcher une larmichette devant le joueur de kobza (mini bandoura), faut que vous voyez ça (si je trouve comment poster la vidéo, sinon YouToube). Olga me dit le soir qu’au Moyen-Âge, ils allaient de village en village pour motiver le peuple à se rebeller contre le servage féodal. Dure l’orientation dans la ville (super grande), je lis le nom des rues grâce à ma connaissance de l’alphabet cyrillique :P et Dylan cherche sur la carte, commence à faire froid et Matthew fait son daron à vouloir rentrer en taxi, à 2 contre 1 on maaaarche ! On se trouve un micro-marché pour acheter deux pains, du fromage et de la saucisse, qu’on s’enfile en duo à l’auberge puisque papy Math s’est endormi. Grandes discussions sur les travailleurs mexicains (AZ oblige), le port de lentilles de contact, la possession d’armes à feu, le gore-tex dans les chaussures, les mormons, et les voyages, les voyages, les voyages (blog de son roadtrip en Amérique du Sud dans les liens, du rêve en barre)…
Pendant ce temps, Olga est à son ancien travail où elle donne un coup de main pour une grosse conférence demain. On se retrouve en début de soirée pour acheter mon billet de train. Un (micro-)dilemme. Que faire ? Rester là encore un ou deux jours et être flex, puisque tel est mon leitmotiv, ou partir vers d’autres horizons ? Je sais pas, rester, partir, rester, partir. Partir, parce ces friendships éphémères sont cools parce qu’elles sont éphémères, mode « amis à usage unique ». Et puis inch’allah on s’recroisera, comme vraisemblablement avec Zach Budapest, qui devrait me re-héberger dans 2-3 semaines. Mais franchement quand t’as fini ta journée à explorer une superbe ville et que ton principal problème est de savoir si tu y restes ou si tu pars voir la prochaine, t’es pas loin du bonheur je crois… Bref, « revenons à nos moutons », comme dit Olga (une phrase qu’elle connaît en français, avec « à tes souhaits » et « bon appétit »). Les adieux avec elle par contre c’était un peu triste. Presque j’ai eu envie de pleurer, tellement c’était génial et tellement j’ai appris à ses côtés. Les animaux, la ferme, le fromage et tout, mais pas que… La vie quoi… Finalement je pars le cœur léger parce que un jour toute façon on se revoit.
Cool soirée à la common room de l’auberge avec le Hollandais qui geek, John le ricain sans son cousin (ricain qui, soit dit en passant, est un sosie de Tibo, pour ceux qui savent, un truc affolant !), Kitty d’Australie tombée amoureuse de Dylan dès l’instant où elle a croisé son bleu regard (le feuilleton..), un Paki muet, un quinca Ukrainien musicien, le Brésilien Alessio et mes 2 buddies du jour. J’ai bien ce mot, buddy, sounds good.. Préparez-vous à le lire souvent :) 23h, l’heure de partir, à la Française, on se fait la bise et on s’capte sur FB. Je pars à la cool, contente quand même, j’aime bien en fait, ces rencontres éphémères. Peut-être trop courtes, mais c’est ça le plan. Si je pouvais exaucer un vœu égoïste, j’aurai des clones ; comme ça quand je rencontre des gens cools, je pourrais laisser un clone avec eux. J’en aurai laissé un à Steblivka, il se serait installé dans la ferme abandonnée au bout du chemin en terre, il aurait vécu de lait frais et de grand air, vagabondant avec ses chèvres dans les prés et pêchant dans les ruisseaux des poissons radioactifs. J’en aurai laissé un à Kiev, kiffer encore et arpenter le pays, puis apprendre l’Ukrainien et me chercher un stage de 3A dans le plus beau coin qu’il aurait trouvé. J’en aurai peut-être laissé un en France, pour voir les roulé-boulé de mini-Kim, aller à toutes les réu dont je reçois les CR par mail, faire les manifs, et autres trucs qu’on fait dans la vraie vie (fêter des anniversaires, être en couple, regarder des films de love entre filles..)
Mais bref, je suis dans le train pour L’viv et en fait je ne voudrais être nul part ailleurs. Ma chance est toujours là, dans ma « chambre » se trouve un jeune avocat ukrainien qui parle anglais. Non parce que franchement les Ukrainiens c’est une galère, leurs langues étrangères c’est russe, polonais et hongrois, l’anglais c’est raaaaare, à part ceux qui font des études longues. Mais en fait vu mon état de fatigue, la conversation s’est arrêtée à : « Oui, je veux bien que tu mettes mon sac en haut, merci. »
Lviv
Arrivée à Lviv, je pose mon sac à la consigne à bagage, et demande à un jeune de me traduire le prix (0.5 euros les 24h). Comme il a l’air gentil, je lui demande de m’aider à acheter mon billet de bus pour Varsovie. Adorable, il se tape ¾ d’heure de bus-tram pour m’emmener à la gare routière, puis me prendre mon billet, me ramener en ville, m’emmener déjeuner dans un cheap mais cool resto. Et le truc de malade mental, il me dit qu’il est originaire des Transcarpates donc je lui dis ah ben justement je viens de passer 3 semaines dans un petit village près de Khust ! Il me dit : - Steblivka ? Oui !! Chez Olga et Michel ? Ouiii !!! Aaaah, mais ce sont de très bons amis !! Aaaaaah trop ouf , trop bien, trop bien.. Le monde est très grand, ou le monde est très petit, aujourd’hui je sais pas très bien, mais putain le monde est bien fait. Il s’appelle Slava (j’adore) et il est clown dans un théâtre pour enfants. Génial. Donc light après-midi à se balader en ville, une ville typiquement polonaise parait-il, rien à voir avec Kiev, assez chou cependant mais assez faf et anti-communiste, les gens ils ont des voitures Lonsdale ( ! ). Sinon, c’est super jeune et étudiant. Les policiers ont des chapka en fourrure, c’est fat. Les bâtiments soviétiques sont devenus des banques ou des KFC, c’est très « wtf?! ». Pas de photo, désolée… Google Images ?
Dans le bus et le tram, j’admire les ukrainiennes perchées sur talons hauts qui gèrent sans ciller les freinages, accélérations, virages, bosses et trous. Moi avec mes North Face aux pieds je vole à chaque fois.. Truc super marrant, à l’arrêt les gens rentrent dans le tram par toutes les portes, puis ils passent un billet de 1 grivna à la personne qui est devant, qui le passe à la personne qui est devant, qui le passe à la personne qui est devant, qui le passe à la personne qui est devant, jusqu’à qu’il arrive à la personne la plus proche du conducteur. Le billet de tram passe ensuite entre tous les mains pour se faire oblitérer par une espère de perforatrice (mais qui fait des points genre « brail » au lieu des trous), puis est censé retrouver son propriétaire. En gros à l’avant du tram c’est le bordel parce qu’on reçoit des billets de partout, et à l’arrière c’est le bordel parce qu’il y a toujours un mec qui dit avoir donné de l’argent et pas reçu son billet. Grosse ambiance. En France les gens sont tellement des chiens qu’ils ne donneraient jamais une pièce même de 10 cts à un inconnu pour qu’il lui prenne son billet de tram...